Soit par désir d’y voir plus clair, soit par une secrète force qui lui faisait regarder en face sa destinée, elle-même écrivit le récit de ce voyage.
« Nous étions allés à Paris, faire nos adieux à M. de Champlain.
« Cette pensée, que je n’avais jamais vu la mer, toucha tout à coup son cœur de marin.
— « Mon cher Garnier, s’écria-t-il brusquement, je veux que mademoiselle Méliand voie l’océan — je le veux absolument et vous allez tous me reconduire jusqu’au navire. — Vous ramènerez madame de Champlain à Paris, etc.
« Mon oncle n’aime pas les voyages. Il tient à ses habitudes, à son doux et charmant intérieur. Pourtant, il se laissa persuader et, le lendemain, lui, Charles et moi, nous étions en route suivant M. de Champlain.
« Si je ne me trompe, Charles ne voulut pas être du voyage, et, pour l’y décider, il avait fallu un ordre de son père. Cela m’avait attristée ; mais sa présence opéra vite son effet ordinaire. C’est pour moi une sorte de rayonnement où mes craintes, mes tristesses vont se fondre et se perdre. Aussi le voyage fut-il un bonheur de tous les instants.
« Cinq jours après notre départ de Paris, nous arrivions au Havre.