Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XIII


Le lieutenant de Brunand venait de prendre congé.

La voiture qui l’emportait avait déjà disparu sur la grande route.

Immobile et songeur, Charles Garnier restait à l’endroit où il lui avait dit adieu.

Gisèle, qui l’observait, le rejoignit. — Ce départ vous attriste ?… Vous aimez M. de Brunand ? demanda-t-elle avec cette merveilleuse douceur d’accent qui donnait à sa voix tant de puissance.

— Pauvre Réginald ! murmura Charles involontairement.

Un sourire effleura les lèvres de la jeune fille.

— Ne dirait-on pas qu’il s’en va à la mort, répliqua-t-elle.

Charles la regarda avec une expression sérieuse, indéfinissable, mais ne répondit rien.

— Rentrez-vous ?… venez-vous avec moi au jardin ? demanda-t-elle.

Debout sur les degrés, M. et madame Garnier suivirent du regard les deux jeunes gens.