Le P. de Brébeuf écoutait immobile, les yeux fermés, dans ce recueillement profond qui est la vie ardente et le repos divin de l’âme.
Il écoutait… et il lui semblait que cette voix ravissante n’était qu’un écho de l’amour qui chantait en lui.
Le chant est l’expression suprême du bonheur et de la vie. Il révèle l’âme à elle-même et la ravit complètement. Ceux qui étaient là l’éprouvèrent et n’oublièrent jamais ce moment.
Gisèle avait fini, et on l’écoutait toujours.
— Merci, mademoiselle, dit enfin M. de Champlain, essuyant brusquement ses larmes. J’emporterai ce souvenir dans les forêts du Canada.
Le P. de Brébeuf se leva transporté, rayonnant : Jesu dulcis memoria !… le beau chant de mort pour le missionnaire attaché au poteau de torture !
Et, dans une sorte de ravissement, il répéta :
Nec lingua valet dicere,
Nec littera exprimere,
Expertus potest credere
Quid sit Jesum diligere.
Le jésuite était magnifique à voir. On sentait que l’amour de Jésus-Christ le possédait tout entier ; que les souffrances de toutes sortes, loin