sentit un frémissement en voyant la souffrance si ardemment embrassée. Mais on n’exprime guère aux saints l’admiration qu’ils inspirent. Pourtant, voulant dire quelque chose :
— Mon Père, demanda-t-il, avez-vous quelque connaissance des mœurs et des coutumes sauvages ?
— Là-dessus, monsieur, je n’ai que des idées fort générales.
— Les sauvages du Canada ont des usages tout à fait particuliers ; ainsi, c’est une impolitesse d’appeler quelqu’un par son nom ; en s’adressant aux sauvages on dit : mon oncle, mon frère, mon neveu, mon cousin… suivant l’âge et la position… Il ne faut jamais, non plus, rappeler le souvenir des morts. Dire à quelqu’un que son père et sa mère sont morts, c’est un outrage sanglant, et les sauvages sont terriblement orgueilleux, terriblement vindicatifs… Il vous faudra beaucoup observer, beaucoup étudier.
— Ah ! si je pouvais me faire comprendre de ces pauvres gens !… Mais on dit les langues sauvages bien difficiles.
— C’est vrai ; et, autant que j’en puis juger, très riches… très régulières… mais il faut les apprendre sans livre et, pour ainsi dire, sans maître. Quant à moi, bon gré mal gré, il m’a fallu