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n’avait pas encore douze ans, quand je l’épousai.

— Je m’en souviens parfaitement. Sous son voile de mariée, elle avait l’air d’une première communiante.

— Pauvre enfant ! Sa vie est une triste vie. Elle voudrait se retirer dans un couvent.

— Pourquoi ne pas l’emmener avec vous ? Il est si dur de vivre toujours sans affection, sans intimité.

— Je sais cela, allez ! Et c’était une grande douceur de l’avoir là-bas. Sa belle joie d’enfant, quand j’arrivais, était si aimable à voir ! Vous ne sauriez croire comme elle s’ingéniait pour me faire retrouver, à Québec, les commodités et les douceurs de la vie civilisée. Vraiment, je n’ai jamais compris comment elle arrivait à m’entourer d’un bien-être si grand. Je n’ai jamais compris, non plus, ce qu’elle faisait pour donner un air si agréable à mes appartements.

— Peut-être n’avait-elle qu’à s’y montrer. Rien ne transforme une maison comme la présence d’une femme charmante.

— Je n’ai jamais eu grand loisir pour m’interroger là-dessus, répondit gaiement Champlain. Mais mon foyer de Québec me semblait le plus doux, le plus beau du monde.

— Sans flatterie, c’est un foyer poétique dont les alentours ne sont pas vulgaires.