Page:Conan - À l’oeuvre et à l’épreuve - 1893.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

je l’avoue humblement, Québec n’a encore qu’une rue. Cette rue, assez raide, va de l’habitation au fort. On l’appelle le sentier de la montagne… quand on y passe, par un grand vent, le bruissement des feuilles, chaque côté de soi, rappelle le bruit des vagues… La population de Québec, presque entièrement composée d’hommes, se monte bien maintenant à une soixantaine d’habitants.

— Mais, dit madame de Champlain, c’est une aimable population… qui ne cache pas sa joie à l’arrivée de son gouverneur.

— Surtout, j’imagine, quand il arrive accompagné de sa charmante femme, fit observer galamment le magistrat.

— Les Français, monsieur, sont partout les mêmes… Mais cette folle joie était belle à voir… On aurait dit que la colonie n’avait plus rien à craindre… que je pouvais mettre en fuite tous les Iroquois. Nous eûmes grand Te Deum, avec accompagnement de canons.

— Et ensuite, grand lever, avec harangues et colliers de porcelaine ?

— Non, monsieur, il n’y eut pas de harangues, ce jour-là. L’habitation, négligée en l’absence du maître, se trouva avoir besoin de réparations, et il fallut retourner à notre vaisseau mouillé au