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Dans cet immense Paris, qui s’étendait au loin à travers une futaie de flèches, de colonnes, de coupoles, on apercevait, flottant au vent sur le palais du Louvre, le drapeau blanc aux fleurs de lis d’or.

Indifférent à tout le reste, le marin le suivit des yeux, et la virile flamme de l’amour éclaira son noble et sérieux visage.

Qui l’aurait regardé, en ce moment, aurait senti que cet homme était grand, capable de l’effort patient et persévérant, comme de l’élan héroïque et de la résistance invincible.

D’un pas léger, le capitaine de vaisseau descendit l’escalier.

Un carrosse l’attendait.

— Au village d’Auteuil, à Bois-Belle, ordonna-t-il en montant lestement.

Une femme jeune, charmante, mais évidemment ennuyée était assise au fond de la voiture.

En l’apercevant, le marin sourit ; et ce sourire avait une grâce qui la fit s’épanouir à l’instant.

— J’ai été plus longtemps que je ne pensais. Eh bien, comment avez-vous supporté l’attente ? demanda-t-il avec douceur.

La jeune femme ramena les plis de son manteau autour d’elle, et répondit gaiement :

— Ne cherchez pas à m’humilier… Vous savez