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VII


Les jours qui suivirent furent, pour Gisèle, un véritable enchantement.

À l’âge de la sensibilité extrême, l’amour s’enrichit de tout : et les sentiments, même étrangers, s’y versent et l’augmentent.

Aussi Gisèle Méliand touchait au ciel.

La liberté, le grand air, le soleil, le printemps, sa propre jeunesse, tout l’enivrait : tout ajoutait à la douceur de l’attente certaine… prochaine…

« Je suis contente… je suis heureuse… je suis ravie, écrivait-elle à l’une de ses compagnes de Port-Royal… C’est si beau d’avoir un horizon, d’avoir du soleil ! Habituée au jour terni de Port-Royal, je n’avais pas l’idée de cette belle lumière, de ce jour éclatant. J’en suis dans une extase continuelle. Si je m’écoutais, je chanterais sans cesse… J’ai en moi des hymnes sans fin… et j’ai de si belles robes longues. Il est vrai, je ne résiste pas toujours à l’envie de faire des fromages ; mais nul n’en sait rien, et je suis maintenant une grande