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teuil, quittant le ton enjoué qu’il avait eu avec elle, il lui dit avec une gravité émue :

— Ma chère enfant, vous êtes la bienvenue sous mon toit… J’espère que vous vous y plairez… que vous n’en aurez jamais d’autre… C’est mon vœu le plus cher.

Gisèle remercia. Elle aurait volontiers pleuré.

— Maintenant, allons souper, dit gaiement madame Garnier.

Et, en un tour de main, elle débarrassa la jeune fille de son chapeau et de sa mantille.

La soirée se passa au coin du feu ; et cette tranquille soirée fut délicieuse à Gisèle.

On ne parla guère que de l’absent.

Madame Garnier lui fit lire ses lettres. M. Garnier lui mit son portrait entre les mains.

Gisèle ne sentait plus la terre sous ses pieds.

Cette maison où il avait vécu, où il allait venir, lui semblait un paradis.

Sa joie ne s’exprimait guère en paroles ; mais elle rayonnait de ses yeux, de son sourire, de son beau front souvent sérieux.

Madame Garnier observait la jeune fille avec un plaisir infini. Elle lisait sans peine jusqu’au fond de son cœur ; et, se voyant seule avec elle :

— Gisèle, dit-elle, caressant les cheveux noirs