puissance d’attention, les yeux toujours fixés sur le sauvage.
Quand le Cerf-Rusé se tut : — Ah, dit-il simplement, si Dieu daignait me faire la grâce d’une semblable mort !
Apercevant le P. Chabanel qui rentrait, il se leva, descendit la chaudière, retira les glands qui bouillaient dans la lessive, les lava soigneusement dans l’eau pure, et présentant ceux qui lui semblaient les meilleurs au P. Chabanel, il partagea le reste avec le Huron.
En les faisant bouillir quelque temps avec de la cendre, on ôtait aux glands une partie de leur amertume, mais cela n’en restait pas moins une nourriture horrible.
— Vous souffrez aussi de la faim à Saint-Joseph ? demanda le P. Garnier.
— Oui ! depuis que les Français y sont établis, les fugitifs y accourent de tous côtés. La douleur et la faim sont les hôtes de nos cabanes, répondit le Cerf-Rusé, se levant pour partir.
— Mon très cher frère, dit le P. Chabanel, se rapprochant du P. Garnier, je pars, puisque l’obéissance me rappelle, mais qu’il m’est dur de vous laisser seul, exposé à des dangers si terribles !
Le P. Garnier serra sa main sans rien dire.