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tourmentait Atironta[1], je parvins à briser mes liens et je fus bientôt hors d’atteinte.

— Que mon frère me raconte ce qu’il a vu, dit le missionnaire.

Le Cerf-Rusé tira lentement quelques bouffées de fumée, puis il éteignit sa pipe et fixant sur Charles Garnier son regard sombre et perçant.

— Les Robes-Noires auraient bien pu se sauver de la mort, dit-il. Quand les trois survivants de Saint-Ignace vinrent donner l’alarme les capitaines les pressèrent beaucoup de gagner Sainte-Marie, avec les autres fugitifs : Pourquoi rester, disaient-ils, puisque vous ne pouvez manier ni le tomahawk ni le fusil ? Nous resterons pour vous ouvrir les portes du ciel, dit Héchon. D’abord, ils coururent aux cabanes où étaient les malades et les infirmes qui n’avaient pu fuir. Et pendant le combat, ils furent toujours à la brèche… auprès des blessés et des mourants. Tu sais qu’ils furent conduits à Saint-Ignace pour mourir ?

— Je sais tout, mais dis-moi ce que tu as vu de tes yeux.

— Héchon était déjà tout brisé par les coups, lorsqu’on l’amena à l’endroit où il devait être brûlé. Il marchait péniblement, mais il avait l’air joyeux.

  1. Le P. Lallemant.