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fort exposés aux visites des Iroquois. Une fois rendu à Saint-Joseph, nous allons tâcher de mettre nos chrétiens un peu à l’abri… quelques Pères iront en canot visiter ceux qui se cachent parmi les écueils et sur le rivage… Le P. Chabanel va être encore votre compagnon à Saint-Jean. Je compte sur vous pour lui apprendre le huron… Lui, si intelligent, c’est vraiment étrange comme il n’avance pas dans la connaissance de la langue !

— Tout ce qui tient aux sauvages répugne à son esprit, comme à son cœur… Leurs habitudes… leur entretien… tout ce qui vient d’eux lui inspire un dégoût sans nom… De plus, il n’a aucune consolation intérieure. Pourtant, mon Père, il persévère dans sa vocation… Sans cesse sollicité de retourner en France, il ne veut pas abandonner sa croix… il s’est engagé par vœu à ne jamais demander son rappel.

Les deux religieux furent interrompus par Robert Lecoq qui venait informer le supérieur que tout était prêt pour le départ et qu’on n’attendait plus que ses ordres pour mettre le feu.

— Mettez le feu à la palissade, dit le P. Raguenau et se tournant vers Charles Garnier il ajouta sans le regarder :

— Vous trouverez tout préparé dans la cave… allez… et offrez à Dieu notre holocauste.