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un saint. Il a été assassiné et scalpé dans son champ.

Je n’ai pas eu la joie de revoir le P. Jogues. À son arrivée à Québec, il a été envoyé à Ville-Marie.

Vous dites que vous avez toujours ses mains devant les yeux — que vous priez sans cesse la Vierge Marie pour que les Iroquois ne me prennent jamais vivant.

À la volonté de Dieu, Gisèle, mais un acte d’amour est bien parfait au milieu des flammes.

Quand nous sommes à Sainte-Marie, chaque soir, réunis dans la chapelle, nous chantons les litanies. Tous ensemble, nous répétons toujours trois fois l’invocation Regina Martyrum, et je ne saurais jamais vous dire comme ce chant est touchant. On sent ce que chacun implore de la Reine des Martyrs. Mais qui, parmi nous, verra ses désirs exaucés ? Le martyre, c’est la belle et bonne part… c’est la glorieuse couronne qui n’est pas donnée à tous. Gisèle, je sais qu’il faudrait une autre vertu que la mienne pour l’emporter, et pourtant j’espère. J’ai tant éprouvé déjà la puissance de la Vierge Marie. C’est entre ses mains immaculées que j’avais remis ma vocation religieuse et, plus tard, ma vocation de missionnaire. En arrivant à Québec, c’est à Marie Immaculée que je m’adres-