taines considérés, et Eustache Ahatsistari était le premier guerrier des hurons.
— Ahatsistari, répéta mademoiselle Méliand, n’était-ce pas le chef qui a été l’un de vos compagnons de captivité ?
— Oui… Lui n’avait jamais cru aux calomnies débitées contre nous. Le P. Garnier l’avait instruit avec un plein succès, mais le croyant encore attaché à ses superstitions, il n’osait lui conférer le baptême. — Ah ! lui disait Ahatsistari, si tu voyais aussi clair dans mon cœur que le maître de nos vies, tu ne me refuserais pas le baptême. Il vint à Sainte-Marie plaider sa cause auprès du Père supérieur et la gagna. C’est moi qui le baptisai dans la nuit de Pâques 1641. Quand il apprit que j’allais descendre à Québec, malgré le danger terrible, il voulut m’accompagner afin de me défendre — Si je tombe entre les mains des Iroquois, disait-il, je sais ce qui m’attend, mais crois-moi, je ne t’abandonnerai point. Jamais promesse n’a été plus noblement tenue, continua le jésuite avec une émotion profonde. Après avoir combattu le dernier, se voyant pour être enveloppé, Ahatsistari s’élança dans les bois et, léger comme un chevreuil, fut bientôt hors d’atteinte. Mais s’apercevant que je ne l’avais pas suivi, il se rappela sa promesse de ne jamais m’abandonner et revint se