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XXXV


Le mois de février 1644 touchait à sa fin.

Malgré l’heure matinale, une foule élégante se pressait dans la belle église du collège de Clermont.

C’était pourtant un jour ordinaire et rien dans le temple n’annonçait une solennité.

Seulement, sur le maître-autel, deux cierges allumés et un missel ouvert avertissaient qu’une messe basse allait commencer. Mais parmi les assistants, chacun savait que cette messe allait être dite par le héros du jour, un jésuite missionnaire, le P. Jogues, vivant martyr auquel le pape venait d’accorder la permission de célébrer, malgré l’état de ses mains.

— Indignum esset Christi martyrium, Christi non bibere sanguinem, avait répondu Urbain VIII à l’humble requête du jésuite.

L’émouvant récit de ses aventures avait couru tout Paris, et quand le missionnaire entra, précédé d’un simple clerc, l’assemblée tout entière se leva dans un même sentiment spontané de respect.