de les baptiser. Il faisait des dix et vingt lieues durant les chaleurs les plus excessives, et par des chemins dangereux, où sans cesse les Iroquois faisaient quelque massacre ; il courait hors d’haleine après un sauvage qui lui servait de guide, pour aller baptiser quelque moribond ou quelque captif de guerre qu’on devait brûler le jour même. Il a passé des nuits entières dans des chemins perdus, au milieu des neiges profondes et des plus grands froids sans que son zèle fût arrêté d’aucune saison de l’année.
« Sa mortification était égale à son amour. Il la cherchait et le jour et la nuit… Sa nourriture était celle des sauvages, c’est-à-dire moindre que celle qu’un misérable gueux peut espérer en France. Cette dernière année de famine, le gland et les racines amères lui étaient des délices, non pas qu’il n’en sentît les amertumes, mais il les savourait avec avidité, quoique toujours il eût été un enfant chéri, et d’une famille noble et riche. »