ce qu’ils peuvent, mais je serais bien à plaindre si je n’avais Gisèle.
Il est impossible de vous dire ce qu’elle a été pour votre père, et ce qu’elle est pour moi. Aucune fille n’a jamais été plus attentive, plus délicieuse pour ses parents.
Depuis votre départ, nous sommes beaucoup retirés du monde. Elle le voulait et s’est consacrée à nous tout entière.
Votre père l’aimait avec une tendresse sans bornes.
Sa voix le ravissait. Dans les derniers temps de sa vie, il ne pouvait plus supporter que la musique très douce, mais il en voulait et priait souvent Gisèle de chanter pour lui.
Dans cette chambre de mourant, ces chants voilés avaient une étrange douceur.
Maintenant, elle chante pour moi, et en l’écoutant, mes larmes coulent moins amères.
Parfois, je pense que vous lui avez laissé quelque chose de votre foi radieuse. J’admire l’essor qu’a pris son âme. Ne sommes-nous pas heureuses d’avoir sacrifié à Dieu, mille fois plus que nous-mêmes ? me dit-elle parfois.
Oui, je le sais, je suis une heureuse mère, mais je reste bien faible à cette pensée que je ne vous verrai plus jamais.