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Hélas ! bien souvent ces malheureux refusent de nous écouter. Il y en a qui s’enveloppent le visage, pour ne pas nous voir ; d’autres qui nous accusent, en face, d’être la cause de leurs souffrances.

Des secours réguliers ont été organisés.

Il y en a parmi nous qui sont chargés de plus de quarante cabanes, et pour faire son devoir, il faut y aller plus souvent que tous les jours, car Dieu a ses élus parmi ses misérables.

Sans parler des enfants mourants que nous baptisons presque tous, il arrive souvent qu’un malade ouvre les yeux à la lumière de la foi. Oh Gisèle, quelle joie de le baptiser et de le voir mourir !… Dites-moi, avez-vous jamais songé aux étonnements, à la foudroyante ivresse d’un pauvre sauvage qui passe de l’extrémité de la misère aux splendeurs du paradis ?

Après avoir vu mourir l’un de ces heureux prédestinés, sortant de ces taudis enfumés qu’on ne peut traverser sans être couverts d’ordure et de suie, combien de fois je me suis arrêté ravi de joie, à regarder le ciel.

Cette pensée, de l’éternel bonheur que nous leur donnons, charme toutes les fatigues, toutes les souffrances.

Plût à Dieu, qu’en souffrant mille fois davantage, nous pussions les sauver tous !