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la France pour venir nous établir parmi eux. Ils voient que nous ne cherchons pas notre profit, que nous nous consumons de travaux et de fatigues. Comprenant qu’il faut que nous ayons en vue quelque chose de grand, ils concluent que nous voulons nous emparer de leur pays après les avoir fait mourir.

Dans tous les villages, on a allumé les feux du conseil afin d’aviser aux meilleurs moyens à prendre pour se défaire des Robes-Noires.

Avec quelques-uns de mes confrères, j’ai comparu à l’une de ces assemblées solennelles.

Il était huit heures du soir. Les chefs de trois nations huronnes avaient été convoqués et se tenaient mornes et abattus, chaque côté de la cabane éclairée par les feux du conseil.

Le coup d’œil était vraiment lugubre.

Après le grand silence prescrit par le cérémonial, chaque capitaine se leva à son tour, pour déposer contre nous et, avec de profonds gémissements, fit le dénombrement de ses malades et de ses morts.

Le P. de Brébeuf demanda la permission de prendre la parole et parla avec cette mâle assurance qui se fait écouter partout. Comme vous pensez, il n’eut pas de peine à renverser les accusations, par des raisons auxquelles personne ne put répondre.