arrière, étendait dans un coin une natte de jonc, sur laquelle il mit une assiette de bois et un petit vase d’écorce qui servait de verre.
Fouillant ensuite dans les cendres, il en tira un petit pain de farine de blé d’Inde qu’il posa triomphalement sur la natte avec un plat de sagamité[1] et des framboises et des bluets dans de larges feuilles.
Il courut puiser de l’eau au ruisseau qui coulait près de la cabane, et quand les religieux sortirent, quelques instants après, ils le trouvèrent à genoux, devant les tisons, fort occupé à faire rôtir des quartiers de citrouilles et des épis de maïs.
Ravi de se retrouver au milieu de sa famille religieuse, Charles Garnier ne savait comment témoigner sa joie.
— Mais, mangez donc, fit le P. de Brébeuf.
Le jeune missionnaire s’assit par terre et plongea sa cuiller de bois dans le plat de sagamité :
— Comme c’est bon !… comme c’est propre ! dit-il, relevant vers ses frères sa tête fatiguée et rayonnante. J’ai une faim terrible.
— Vous devez avoir aussi besoin de dormir, fit le P. Chastelain. Je vous assure que je tombais hier.
- ↑ Bouillie de farine de blé d’Inde faite avec de l’eau et assaisonnée avec de la poussière de poisson fumé.