À la porte, d’une cabane, pendait une chevelure encore sanglante.
Charles Garnier détourna les yeux avec dégoût.
Son supérieur surprit ce mouvement et lui montrant la croix rouge plantée devant leur cabane :
— Quelle consolation, dit-il, d’apercevoir le signe de la rédemption au milieu de cette barbarie !
— La vue de la croix plaît-elle aux Hurons ? demanda le P. Garnier qui se découvrit avec respect.
— J’ai eu bien de la peine à les empêcher de l’abattre. L’an dernier, nous avons eu une sécheresse extrême… effrayante… Tout périssait…
Les sorciers, sommés de faire pleuvoir, après avoir inutilement songé… dansé… festiné s’avisèrent de dire que c’était la croix à la porte des Français qui empêchait la pluie de tomber… On avait résolu de l’abattre. Je dis aux anciens :
Je ne puis vous en empêcher, mais jamais je n’y consentirai… Je leur rappelai qu’il avait déjà plu bien des fois, depuis que la croix était érigée et les pressai de venir tous en corps — hommes et femmes, demander à Jésus de leur donner de la pluie. Ils se voyaient réduits à la famine. Ils firent ce que je voulais… Le jour même, la pluie tomba