chrétiens, répondit le P. de Brébeuf devenu tout pensif. C’est une maxime reçue dans l’église de Dieu. Mais je me demande parfois si la vie que nous menons ici n’équivaut pas en quelque sorte au martyre… Ce qui est sûr, c’est que jour et nuit nous sommes exposés à périr par la hache et par le feu.
Le jeune religieux écoutait tout avec le plus grand calme.
Comme a dit un auteur protestant[1] Brébeuf était le lion de la mission huronne et Garnier en était l’agneau, mais l’agneau était aussi intrépide que le lion.
Devant eux, l’obscurité de la forêt s’éclaircissait.
— Nous sommes arrivés, dit le P. de Brébeuf. Vous êtes à Saint-Joseph d’Ihonatiria.
Charles Garnier écarta vivement les branches.
Devant lui, dans une vaste clairière couverte de la brume dorée du soir, on apercevait un amas de cabanes d’écorce construites en forme de tonnelles.
De petits champs de blé d’Inde, de fèves, de citrouilles, s’étendaient autour de ces misérables abris et, en face d’une cabane un peu isolée des
- ↑ M. François Partiman.