sieur votre tuteur trouve qu’il est temps de vous retirer d’ici. C’est pour vous l’apprendre que je vous ai fait venir.
Gisèle rougit vivement, et baissa les yeux pour ne pas laisser trop voir la joie qui bouleversait son cœur.
— Eh bien ? demanda la mère Angélique.
— Puisque M. Garnier le veut, ma mère ! répondit poliment la jeune fille tenant toujours les yeux baissés.
L’abbesse arrêta sur elle son regard clair et ferme. — Permettez-moi une question, dit-elle. Avez-vous jamais ressenti quelque attrait pour la vie religieuse ?
Un sourire vint aux lèvres de la jeune fille. — Jamais, ma mère, répondit-elle, levant sur l’abbesse ses yeux noirs, très beaux et très candides.
Une ombre passa sur le visage de la mère Angélique. J’espérais toujours, dit-elle, à voix presque basse, qu’aux dons qu’il vous a faits, Dieu ajouterait la grâce de vous vouloir toute à Lui… Bien des fois, en vous écoutant chanter, j’ai fait le même rêve.
Il y eut un moment de silence : mais l’abbesse reprit :
— Vous allez donc passer de la vie dure, laborieuse que vous avez menée jusqu’ici à une vie