à jargonner. Nous avons beaucoup travaillé… nous travaillons beaucoup encore.
— Les difficultés de ces langues sont bien grandes ?
— Presque infinies… Mais la connaissance de la langue, c’est notre arme de guerre… Nous avons ébauché un dictionnaire, nous travaillons à une grammaire… et pour nos études, nous sommes réduits à nous servir d’écorce de bouleau.
— Vous n’avez pas de papier ! s’écria Charles Garnier.
— Si, mais très peu… C’est le P. Davost qui avait dans ses paquets presque tout notre papier et nos livres… Les sauvages de son canot lui en volèrent une partie et le forcèrent de jeter le reste à l’eau… après quoi, ils l’abandonnèrent sur l’île aux Allumettes. Il y fut recueilli à demi-mort… grâce à Dieu, personne n’a péri.
— Je vois maintenant que j’avais la crème des Hurons, répliqua Charles Garnier. Et pourtant, je vous l’avoue, j’avais bien à prendre sur moi, pour leur faire bon visage.
— Ces pauvres sauvages ! dit doucement le P. de Brébeuf. Leur grossièreté… leur malpropreté nous sont une cause continuelle de souffrances très vives et très délicates… Puis, il faut