XXIX
Avez-vous jamais songé à ce qu’est la vie du missionnaire.
« Il faut, a dit un illustre écrivain, que le missionnaire se dépouille de tout. Il meurt d’abord à sa famille selon la chair : il la quitte, il ne lui appartient plus, et selon toute apparence il ne la reverra plus. Il meurt ensuite à ses frères selon l’esprit, parmi lesquels il s’est engagé pour prendre une part de leurs travaux : il quittera aussi cette seconde maison paternelle, et probablement pour n’y plus rentrer. Il meurt encore à la patrie : il ira sur une terre lointaine, où ni les cieux, ni le sol, ni la langue, ni les usages, ne lui rappelleront la terre natale ; où l’homme même, bien souvent, n’a plus rien des hommes qu’il a connus, sauf leurs vices les plus grossiers et leurs misères les plus accablantes.
« Et quand ces trois séparations sont accomplies, quand ces trois morts sont consommées, il y en a une autre encore où le missionnaire doit arriver,