« Les Pères que Dieu appellera à la sainte mission des Hurons doivent diligemment prévoir tous les travaux, les peines et les périls qu’il faut encourir en faisant ce voyage, afin de se résoudre de bonne heure à tous les accidents qui peuvent arriver.
« Faut aimer de cœur les sauvages, les regardant comme rachetés du sang du Fils de Dieu, et comme nos frères avec qui nous devons passer le reste de notre vie.
« Pour agréer aux sauvages, faut prendre garde de ne se faire jamais attendre pour s’embarquer.
« Il faut faire provision d’un fusil ou d’un miroir ardent, ou de tous les deux, afin de leur faire du feu pendant le jour pour fumer et le soir quand il faudra cabaner : ces petits services leur gagnent le cœur.
« Il faut s’efforcer de manger de leurs sagamités en la façon qu’ils les apprêtent, encore qu’elles soient sales, demi-cuites et très insipides. Pour les autres choses, qui sont en grand nombre, qui peuvent déplaire, il les faut supporter pour l’amour de Dieu, sans en dire mot ou sans en faire semblant.
« Il est bon, au commencement, de prendre tout ce qu’ils donnent, encore que vous ne le puissiez manger, car quand on est un peu accoutumé, on n’en a pas trop.