Charles Garnier sourit.
— Si le sucre doit apprivoiser les enfants, ceci doit nous gagner les bonnes grâces de nos guides, dit-il, prenant un paquet assez lourd jeté sur son lit.
Ce paquet, qu’il ouvrit, contenait de la rassade, des alènes, des hameçons, mêlés à quelques douzaines de couteaux de poche.
— C’est la monnaie du pays, continua Charles Garnier. C’est avec cela qu’on achète du poisson pour fêter les sauvages le long de la route.
Pierre Chastelain en prit une partie ; et les deux jeunes gens continuèrent à s’entr’aider à ficeler leurs paquets qu’il fallait rendre aussi commodes à porter que possible.
Quand le dernier fut fini, Pierre Chastelain sortit et Charles Garnier, prenant un manuscrit, sous son pauvre oreiller, s’approcha de la fenêtre.
Le manuscrit, de l’écriture ronde et ferme de Jean de Brébeuf, portait pour titre : Instruction pour les Pères de notre compagnie qui seront envoyés aux Hurons.
Debout dans l’étroite fenêtre, Charles Garnier resta quelques instants à considérer la jolie rivière, le vert et tranquille horizon qu’il aimait déjà et que le lendemain il ne verrait plus. Puis, il ouvrit le cahier et lut ce qui suit :