la famille de M. Garnier, qu’elle nommait son oncle, elle s’était prise, pour le plus jeune de ses fils, d’une affection extraordinaire.
Cette enfantine tendresse avait grandi avec elle, se nourrissant de tout, et charmant ses ennuis, en les augmentant.
De temps en temps, Charles venait la voir au parloir. Il lui écrivait souvent ; et cela laissait à l’enfant une douceur, une lumière qui l’enlevait à la froide austérité de Port-Royal et à la solennelle tristesse qui l’entourait.
Pour cette âme vive et tendre, le chant avait été aussi d’un merveilleux secours.
Le chant : c’était le seul luxe de Port-Royal régénéré, et les auteurs du temps s’accordent à en louer la beauté. Admirablement cultivé, il se mêlait au travail comme à la prière, et donnait un grand charme aux offices du chœur.
Gisèle en jouissait délicieusement. Elle avait le goût inné, réel, inspiré de la musique, et surtout une voix incomparable.
Dans la vieille et sombre église de Port-Royal, cette voix enfantine et céleste avait fait couler bien des larmes.
— Il me semble entendre un ange exilé du ciel, disait la mère Angélique, qu’en ce temps on nommait encore la grande Angélique.