ses gens, et on réussit à passer l’hiver sans mourir de faim… M. de Champlain s’était mis gaiement à la ration commune — sept onces de pois par jour. Au mois de mai, les pois étaient épuisés. Depuis longtemps on n’avait ni poudre, ni plomb. Les femmes, les enfants passaient les journées dans les bois à la recherche de glands et de racines… celles du sceau de Salomon étaient surtout estimées. On souffrit tant de la faim que, lorsque les Anglais se présentèrent au mois de juillet, ils furent reçus comme des libérateurs.
Madame de Champlain s’était couvert la figure de ses mains et les larmes filtraient entre ses doigts.
— Madame, dit doucement le jésuite, il a tout enduré héroïquement et vous avez lieu d’être fière… D’ailleurs, les termes de la capitulation ont été fort honorables. Les Kertk ont eu les plus grands égards pour M. de Champlain. Ils n’ont pas voulu qu’il abandonnât ses appartements. Ils lui ont même permis d’y faire célébrer la messe.
— Le P. Masse et le P. Lallemant sont-ils aussi revenus ? demanda mademoiselle Méliand.
— Il l’a bien fallu. Ces Huguenots n’auraient jamais voulu souffrir de jésuite, dit le P. de Brébeuf gaiement. Quand le commandant Kertk vint à Notre-Dame-des-Anges, sa première parole fut