cette vallée étroite et fermée, la vieille abbaye exerçait une sorte de fascination sur bien des âmes.
Madame de Sévigné l’appelait une Thébaïde dans un vallon affreux. « Je vous avoue, écrivait-elle à sa fille, que je suis ravie d’avoir vu cette divine solitude dont j’avais tant ouï parler ».
Mais la tristesse n’a guère de charme pour les enfants ; et Port-Royal, si cher à Pascal et à Racine, devait leur sembler bien vieux, bien sombre, bien ennuyeux.
Faut-il ajouter que la vie y était dure, même pour les élèves ?
Mais, dans ces siècles vigoureux, personne ne songeait à s’en étonner ni à s’en inquiéter ; et les jeunes filles des plus grandes familles de France étaient élevées à Port-Royal.
Gisèle y était entrée à sept ans.
Alors, on ne connaissait pas les vacances et l’enfant avait passé neuf longues années entre les murs de la vieille abbaye : toujours debout à quatre heures, hiver comme été, et assujettie au travail du matin au soir.
Ses jours se ressemblaient comme des grains de sable. Heureusement, Gisèle possédait ce qui peut tout animer, tout adoucir, tout colorer — un grand amour. — Jetée, par la mort de ses parents, dans