La pensée de la mort me fit du bien. Je fis une bonne prière, puis je retournai au parloir.
Charles y était avec sa mère.
Quand j’ouvris la porte, il se leva vivement et vint à moi.
Il me prit la main et dit avec son air d’ange : Loué soit Jésus-Christ !… dites-le, Gisèle.
Je dis comme il voulait, et je ne sais quoi de doux et de fort se répandit dans mon cœur.
Nous nous assîmes tous les trois, à une petite table, dans un coin du parloir.
Il a un peu maigri et beaucoup pâli. Ses boucles blondes sont coupées. Le costume religieux lui va bien : et, je ne sais comment, en le regardant, je ne me sentais plus mortellement désolée. — Croyez-vous, dit-il, que je n’ai pas souffert, en vous quittant ?… Ah !… Jamais je n’ai ressenti un déchirement si terrible, une si poignante douleur.
Il parlait avec calme, mais ses paupières battaient souvent, sous l’effort qu’il faisait pour retenir ses larmes.
Nous causâmes : c’est-à-dire lui parla, car ni sa mère, ni moi, nous n’avions la force d’articuler une parole.
L’heure écoulée, il se leva aussitôt, embrassa sa mère avec des paroles de tendresse, fit le signe de la croix sur mon front, et disparut dans un