regarder le portrait qui représentait son fils Charles, très beau jeune homme d’une vingtaine d’années.
(Charles Garnier, ses études terminées, avait désiré voir l’Italie. Le dernier de la famille, il en était, en quelque sorte, l’unique enfant : car ses deux frères, sans vouloir accorder un regard au monde, étaient passés des bancs du collège à la vie religieuse.)
— Nous le verrons bientôt, dit le magistrat, reprenant son siège. Il doit avoir quitté Rome, aussitôt après les fêtes de Pâques.
Madame Garnier ne répliqua rien, mais son visage refléta la joie de son cœur.
Encore très élégante et gracieuse, elle avait été fort jolie. Son beau teint de blonde était fané, mais les années n’avaient rien enlevé à la douceur de son sourire.
— Quand irons-nous chercher Gisèle ? demanda M. Garnier, après un instant. Il y a assez longtemps qu’elle est derrière les grilles… Je veux qu’elle suive le travail du printemps à Bois-Belle.
La villa, renommée pour ses ombrages et ses jardins, portait ce nom un peu bizarre.
— La Providence a bien arrangé les choses, dit madame Garnier, répondant à ses pensées. À leur âge, un grand amour, déjà ancien !… Dites-moi,