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jours le problème, insoluble à la longue, de maintenir un certain ordre politique au milieu d’un profond désordre moral. Outre ses travaux d’avenir, l’école positive s’associe immédiatement à cette importante opération par sa tendance directe à discréditer radicalement les diverses écoles actuelles, en remplissant déjà mieux que chacune d’elles les offices opposés qui leur restent encore, et qu’elle seule combine spontanément, de façon à se montrer aussitôt plus organique que l’école théologique et plus progressive que l’école métaphysique, sans pouvoir jamais comporter les dangers de rétrogradation ou d’anarchie qui leur sont respectivement propres. Depuis que les gouvernements ont essentiellement renoncé, quoique d’une manière implicite, à toute sérieuse restauration du passé, et les populations à tout grave bouleversement des institutions, la nouvelle philosophie n’a plus à demander, de part et d’autre, que les dispositions habituelles qu’on est au fond préparé partout à lui accorder (du moins en France, où doit surtout s’accomplir d’abord l’élaboration systématique), c’est-à-dire liberté et attention. Sous ces conditions naturelles, l’école positive tend, d’un côté, à consolider tous les pouvoirs actuels chez leurs possesseurs quelconques, et, de l’autre, à leur imposer des obligations morales de plus en plus conformes aux vrais besoins des peuples.

Ces dispositions incontestables semblent d’abord ne devoir aujourd’hui laisser à la nouvelle philosophie d’autres obstacles essentiels que ceux qui résulteront de l’incapacité ou de l’incurie de ses divers promoteurs. Mais une plus mûre appréciation montre, au contraire, qu’elle doit trouver d’énergiques résistances chez presque tous les esprits maintenant actifs, par