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passé, conformément aux lois constantes de notre nature, individuelle ou collective, est donc nécessairement impossible aux diverses écoles absolues qui dominent encore ; aucune d’elles, en effet, n’a suffisamment tenté de l’établir. L’esprit positif, en vertu de sa nature éminemment relative, peut seul représenter convenablement toutes les grandes époques historiques comme autant de phases déterminées d’une même évolution fondamentale, où chacune résulte de la précédente et prépare la suivante selon les lois invariables, qui fixent sa participation spéciale à la commune progression, de manière à toujours permettre, sans plus d’inconséquence que de partialité, de rendre une exacte justice philosophique à toutes les coopérations quelconques. Quoique cet incontestable privilège de la positivité rationnelle doive d’abord sembler purement spéculatif, les vrais penseurs y reconnaîtront bientôt la première source nécessaire de l’actif ascendant social réservé finalement à la nouvelle philosophie. Car, on peut assurer aujourd’hui que la doctrine qui aura suffisamment expliqué l’ensemble du passé obtiendra inévitablement, par suite de cette seule épreuve, la présidence mentale de l’avenir.



Une telle indication des hautes propriétés sociales qui caractérisent l’esprit positif ne serait point encore assez décisive si on n’y ajoutait pas une sommaire appréciation de son aptitude spontanée à systématiser enfin la morale humaine, ce qui constituera toujours la principale application de toute vraie théorie de l’Humanité.


Dans l’organisme polythéique de l’antiquité, la