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tante du véritable esprit philosophique à obtenir partout le degré de précision compatible avec la nature des phénomènes et conforme à l’exigence de nos vrais besoins ; tandis que l’ancienne manière de philosopher conduisait nécessairement à des opinions vagues, ne comportant une indispensable discipline que d’après une compression permanente, appuyée sur une autorité surnaturelle.

Il faut enfin remarquer spécialement une cinquième application, moins usitée que les autres, quoique d’ailleurs pareillement universelle, quand on emploie le mot positif comme le contraire de négatif. Sous cet aspect, il indique l’une des plus éminentes propriétés de la vraie philosophie moderne, en la montrant destinée surtout, par sa nature, non à détruire, mais à organiser. Les quatre caractères généraux que nous venons de rappeler la distinguent à la fois de tous les modes possibles, soit théologiques, soit métaphysiques, propres à la philosophie initiale. Cette dernière signification, en indiquant d’ailleurs une tendance continue du nouvel esprit philosophique, offre aujourd’hui une importance spéciale pour caractériser directement l’une de ses principales différences, non plus avec l’esprit théologique, qui fut longtemps organique, mais avec l’esprit métaphysique proprement dit, qui n’a jamais pu être que critique. Quelle qu’ait été, en effet, l’action dissolvante de la science réelle, cette influence fut toujours en elle purement indirecte et secondaire : son défaut même de systématisation empêchait jusqu’ici qu’il en pût être autrement ; et le grand office organique qui lui est maintenant échu s’opposerait désormais à une telle attribution accessoire, qu’il tend d’ailleurs à rendre superflue. La saine