Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trons alors logiquement incompatible avec la fondation décisive de l’astronomie mathématique par l’école de Thalès.

L’étude rationnelle d’une telle opposition démontre clairement qu’elle ne pouvait se borner à la théologie ancienne, et qu’elle a dû s’étendre ensuite au Monothéisme lui-même, quoique son énergie dût décroître avec sa nécessité, à mesure que l’esprit théologique continuait à déchoir par suite du même prodige spontané. Sans doute, cette extrême phase de la philosophie initiale était beaucoup moins contraire que les précédentes à l’essor des connaissances réelles, qui n’y rencontraient plus, à chaque pas, la dangereuse concurrence d’une explication surnaturelle spécialement formulée. Aussi est-ce surtout sous ce régime monothéique qu’a dû s’accomplir l’évolution préliminaire de l’esprit positif. Mais l’incompatibilité, pour être moins explicite et plus tardive, n’en restait pas moins finalement inévitable, même avant le temps où la nouvelle philosophie serait devenue assez générale pour prendre un caractère vraiment organique, en remplaçant irrévocablement la théologie dans son office social aussi bien que dans sa destination mentale. Comme le conflit a dû encore s’opérer surtout par l’astronomie, je démontrerai ici avec précision quelle évolution plus avancée a étendu nécessairement jusqu’au plus simple monothéisme son opposition radicale, auparavant bornée au polythéisme proprement dit : on reconnaîtra alors que cette inévitable influence résulte de la découverte du double mouvement de la Terre bientôt suivie de la fondation de la mécanique céleste. Dans l’état présent de la raison humaine, on peut assurer que le régime monothéique, longtemps favorable à l’essor