Page:Comte - Discours sur l’esprit positif.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’assurer maintenant que l’unité d’explication, encore poursuivie par tant d’esprits sérieux envers chacune d’elles prise à part, nous est finalement interdite, même dans ce domaine beaucoup plus restreint. L’astronomie a fait naître, sous ce rapport, des espérances trop empiriques, qui ne sauraient se réaliser jamais pour les phénomènes plus compliqués, pas seulement quant à la physique proprement dite, dont les cinq branches principales resteront toujours distinctes entre elles, malgré leurs incontestables relations. On est souvent disposé à s’exagérer beaucoup les inconvénients logiques d’une telle dispersion nécessaire, parce qu’on apprécie mal les avantages réels que présente la transformation des inductions en déductions. Néanmoins, il faut franchement reconnaître cette impossibilité directe de tout ramener à une seule loi positive comme une grave imperfection, suite inévitable de la condition humaine, qui nous force d’appliquer une très faible intelligence à un univers très compliqué.

Mais, cette incontestable nécessité, qu’il importe de reconnaître, afin d’éviter toute vaine déperdition de forces mentales, n’empêche nullement la science réelle de comporter, sous un autre aspect, une suffisante unité philosophique, équivalente à celles que constituèrent passagèrement la théologie ou la métaphysique, et d’ailleurs très supérieure, aussi bien en stabilité qu’en plénitude. Pour en sentir la possibilité et en apprécier la nature, il faut d’abord recourir à la lumineuse distinction générale ébauchée par Kant entre les deux points de vue objectif et subjectif, propres à une étude quelconque. Considérée sous le premier aspect, c’est-à-dire quant à la destination extérieure de nos théories, comme exacte représentation du monde réel, notre