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L’efficacité historique de ces entités résulte directement de leur caractère équivoque : car, en chacun de ces êtres métaphysiques, inhérent au corps correspondant sans se confondre avec lui, l’esprit peut, à volonté, selon qu’il est plus près de l’état théologique ou de l’état positif, voir ou une véritable émanation de la puissance surnaturelle, ou une simple domination abstraite du phénomène considéré. Ce n’est plus alors la pure imagination qui domine, et ce n’est pas encore la véritable observation ; mais le raisonnement y acquiert beaucoup d’extension, et se prépare confusément à l’exercice vraiment scientifique. On doit, d’ailleurs, remarquer que sa part spéculative s’y trouve d’abord très exagérée, par suite de cette tendance opiniâtre à argumenter au lieu d’observer, qui, en tous genres, caractérise habituellement l’esprit métaphysique, même chez ses plus éminents organes. Un ordre de conceptions aussi flexible, qui ne comporte aucunement la consistance si longtemps propre au système théologique, doit d’ailleurs parvenir, bien plus rapidement, à l’unité correspondante, par la subordination graduelle des diverses entités particulières à une seule entité générale, la Nature, destinée à déterminer le faible équivalent métaphysique de la vague liaison universelle résultée du monothéisme.

Pour mieux comprendre, surtout de nos jours, l’efficacité historique d’un tel appareil philosophique, il importe de reconnaître que, par sa nature, il n’est spontanément susceptible que d’une simple activité critique ou dissolvante, même mentale, et à plus forte