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tions elles-mêmes, dont la vraie régénération, actuellement impossible, exige, avant tout, une réorganisation spirituelle. Mais on peut assurer que l’école positive aura beaucoup plus de facilité à faire pénétrer ce salutaire enseignement chez les esprits populaires que partout ailleurs, soit parce que la métaphysique négative n’a pu s’y enraciner autant, soit surtout par l’impulsion constante des besoins sociaux inhérents à leur situation nécessaire. Ces besoins se rapportent essentiellement à deux conditions fondamentales, l’une spirituelle, l’autre temporelle, de nature profondément connexe : il s’agit, en effet, d’assurer convenablement à tous, d’abord l’éducation normale, ensuite le travail régulier ; tel est, au fond, le vrai programme social des prolétaires. Il ne peut plus exister de véritable popularité que pour la politique qui tendra nécessairement vers cette double destination. Or, tel est, évidemment, le caractère spontané de la doctrine sociale propre à la nouvelle école philosophique ; nos explications antérieures doivent ici dispenser, à cet égard, de tout autre éclaircissement, d’ailleurs réservé à l’ouvrage si souvent indiqué dans ce Discours. Il importe seulement d’ajouter, à ce sujet, que la concentration nécessaire de nos pensées et de notre activité sur la vie réelle de l’Humanité, en écartant toute vaine illusion, tendra spécialement à fortifier beaucoup l’adhésion morale et politique du peuple proprement dit à la vraie philosophie moderne. En effet, son judicieux instinct y sentira bientôt un puissant motif nouveau de diriger surtout la pratique sociale vers la sage amélioration continue de sa propre condition générale. Les chimériques espérances inhérentes à l’ancienne philosophie ont trop souvent conduit, au contraire, à négliger avec