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dents, des considérations encore plus puissantes détermineront surtout les intelligences populaires à seconder aujourd’hui l’action philosophique de l’école positive par leur ardeur continue pour l’universelle propagation des études réelles : elles se rapportent aux principaux besoins collectifs propres à la condition sociale des prolétaires. On peut les résumer en cet aperçu général : il n’a pu exister jusqu’ici une politique spécialement populaire, et la nouvelle philosophie peut seule la constituer.


Depuis le commencement de la grande crise moderne, le peuple n’est encore intervenu que comme simple auxiliaire dans les principales luttes politiques, avec l’espoir, sans doute, d’y obtenir quelques améliorations de sa situation générale, mais non d’après des vues et pour un but qui lui fussent réellement propres. Tous les débats habituels sont restés essentiellement concentrés entre les diverses classes supérieures ou moyennes, parce qu’ils se rapportaient surtout à la possession du pouvoir. Or, le peuple ne pouvait longtemps s’intéresser directement à de tels conflits, puisque la nature de notre civilisation empêche évidemment les prolétaires d’espérer, et même de désirer, aucune importante participation à la puissance politique proprement dite. Aussi, après avoir essentiellement réalisé tous les résultats sociaux qu’ils pouvaient attendre de la substitution provisoire des métaphysiciens et des légistes à l’ancienne prépondérance politique des classes sacerdotales et féodales, deviennent-ils aujourd’hui de plus en plus indifférents à la stérile prolongation de ces luttes de plus en plus misérables,