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pour la masse populaire. L’importance et la nouveauté d’une telle disposition constante, mon vif désir qu’elle soit convenablement appréciée, et même, si j’ose le dire, imitée, m’obligent à indiquer ici les principaux motifs de ce contact spirituel que doit ainsi spécialement instituer aujourd’hui avec les prolétaires la nouvelle école philosophique, sans toutefois que son enseignement doive jamais exclure aucune classe quelconque. Quelques obstacles que le défaut de zèle ou d’élévation puisse réellement apporter de part et d’autre à un tel rapprochement, il est aisé de reconnaître, en général, que, de toutes les portions de la société actuelle, le peuple proprement dit doit être, au fond, la mieux disposée, par les tendances et les besoins qui résultent de sa situation caractéristique, à accueillir favorablement la nouvelle philosophie, qui finalement doit trouver là son principal appui, aussi bien mental que social.

Une première considération, qu’il importe d’approfondir, quoique sa nature soit surtout négative, résulte, à ce sujet, d’une judicieuse appréciation de ce qui, au premier aspect, pourrait sembler offrir une grave difficulté, c’est-à-dire l’absence actuelle de toute culture spéculative. Sans doute, il est regrettable, par exemple, que cet enseignement populaire de la philosophie astronomique ne trouve pas encore, chez tous ceux auxquels il est surtout destiné, quelques études mathématiques préliminaires, qui le rendraient à la fois plus efficace et plus facile, et que je suis même forcé d’y supposer. Mais la même lacune se rencontrerait aussi chez la plupart des autres classes actuelles, en un temps où l’instruction positive reste bornée, en France, à certaines professions spéciales, qui se rattachent essen-