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Pour surmonter convenablement ce concours spontané de résistances diverses que lui présente aujourd’hui la masse spéculative proprement dite, l’école positive ne saurait trouver d’autre ressource générale que d’organiser un appel direct et soutenu au bon sens universel, en s’efforçant désormais de propager systématiquement, dans la masse active, les principales études scientifiques propres à y constituer la base indispensable de sa grande élaboration philosophique. Ces études préliminaires, naturellement dominées jusqu’ici par cet esprit de spécialité empirique qui préside aux sciences correspondantes, sont toujours conçues et dirigées comme si chacune d’elles devait surtout préparer à une certaine profession exclusive ; ce qui interdit évidemment la possibilité, même chez ceux qui auraient le plus de loisir, d’en embrasser jamais plusieurs, ou du moins autant que l’exigerait la formation ultérieure de saines conceptions générales. Mais il n’en peut plus être ainsi quand une telle instruction est directement destinée à l’éducation universelle, qui en change nécessairement le caractère et la direction, malgré toute tendance contraire. Le public, en effet, qui ne veut devenir ni géomètre, ni astronome, ni chimiste, etc., éprouve continuellement le besoin simultané de toutes les sciences fondamentales, réduites chacune à ses notions essentielles : il lui faut, suivant l’expression très remarquable de notre grand Molière, des clartés de tout. Cette simultanéité nécessaire n’existe pas seulement pour lui quand il considère ces études dans leur destination abstraite et générale, comme seule base rationnelle de l’ensemble des conceptions humaines : il la retrouve encore, quoique moins directement, même envers les diverses applications concrètes, dont cha-