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ACADÉMIE DES SCIENCES.

SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 12 DÉCEMBRE 1932.

PRÉSIDENCE DE M. Robert BOURGEOIS..

En ouvrant la séance, M. Robert Bourgeois prononce l’allocution suivante :

Messieurs,

Si la mort n’a pas, au cours de cette année, frappé à coups redoublés sur notre Compagnie, si nous n’avons subi en 1932 que deux pertes parmi nos confrères, ces pertes ont été pour nous des plus cruelles et des plus sensibles. Ferrié et Bigourdan étaient en effet parmi les plus éminents de nos confrères, et leur disparition cause un grand vide dans nos rangs.

Ferrié était à la fois un grand savant et un grand soldat. Dès son entrée dans la carrière militaire comme officier du génie en 1889, il avait été séduit par l’intérêt qui s’attachait déjà à cette époque aux phénomènes de propagation des ondes et avait immédiatement saisi l’importance de leur application aux questions militaires. De là l’orientation définitive de toute sa carrière. Il serait trop long de la retracer dans toute son ampleur. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que la guerre de 1914 trouvait à la tête des Services de la télégraphie militaire l’homme qui, à une science profonde, joignait une énergie peu commune et un incomparable esprit réalisateur. Ferrié a rendu au début et au cours de la guerre d’incomparables services. Grâce à lui, grâce à sa prévoyance d’avant-guerre, la France pendant toute la durée des hostilités fut en télégraphie et téléphonie militaires d’une incontestable supériorité. Nos alliés nous suivirent ; quant à nos ennemis, malgré leur puissante organisation technique, ils furent toujours considérablement en retard. Ferrié s’est montré là non seulement un grand chef, mais un des meilleurs artisans de la Victoire finale.

Son activité depuis 1919 ne ralentit jamais. Il a été l’âme de toutes les grandes expéditions scientifiques entreprises sous les auspices de l’Académie et du Bureau des Longitudes, et si l’on y ajoute tous les travaux que lui imposaient les fonctions d’Inspecteur général de ses Services en France,

C R., 1932, 2e Semestre. (T. 195. N° 24.)