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il en découlait que le vernissage unilatéral ne devait pas modifier sensiblement le vol de Papillons, tels que les Sphinx, à surface oculaire relativement réduite, à musculature puissante dominée par des excitations périphériques autres que les excitations lumineuses. Et, en effet, des Macroglossa stellatarum, des Protoparce convolvulvi, partiellement aveuglés et placés au fond d’une pièce, gagnent directement la fenêtre. Dans un cas, le Sphinx aveuglé à droite, avant subi une déviation légère qui l’entraînait contre le mur, vers la gauche, rectifia sa direction en obliquant à droite vers la fenêtre. Lâchés au dehors, ces Papillons sont partis en ligne droite.

Des essais avec divers Diptères à vol soutenu (Eristalix tenax, notamment) m’ont donné des résultats montrant la distinction qui s'impose entre la translation pure et l’attraction. Chez ces Insectes, les effets des excitations lumineuses se font surtout sentir sur les muscles des pattes ; les muscles alaires sont plutôt soumis à des excitations périphériques d'un autre ordre. Aussi, après vernissage d’un œil, les Eristales ont-ils une démarche plus ou moins circulaire, tandis que leur vol n est pas modifie. Chez de nombreux Insectes à surface [oculaire réduite (Acridiens, Locustiens, divers Coléoptères) le vernissage unilatéral ne produit qu'un effet peu ou pas appréciable.

Enfin dans le cas où l’excitant repousse l'animal (tropisme négatif) il ne s’agit pas davantage d’excitation symétrique. Sans entrer dans les détails, je puis dire que l’animal se place d’une façon quelconque par rapport à l’excitant et prend toutes les directions, sauf celle qui mené a l’excitant.

Il v a donc deux réflexes distincts : l’un de translation, l'autre de direc- tion. Me fondant sur divers faits que j’exposerai ultérieurement, je crois pouvoir avancer que ces réflexes ne portent nullement sur les mêmes muscles. Ceux-ci diffèrent par leurs insertions, par le mode d articulation des parties qu’ils font mouvoir ; dans certains cas les mouvements sont limités, dans d’autres ils sont plus étendus, et l’on comprend bien que si, dans le premier cas, des excitations symétriques assurent une démarche correcte, des excitations non symétriques suffisent, dans le second cas, pour imprimer au corps une direction plutôt qu’une autre.

J’indiquerai, en terminant, qu’il devient fort difficile, en conséquence de ces données nouvelles, de considérer comme de même nature tous les processus qui, chez les plantes et les animaux, produisent un effet d'orientation.