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Tout ce que nous venons de voir nous autorise, me semble-t-il, à considérer les spectres d’étincelle comme accompagnés d’une plus haute température, ou si l’on préfère, d’une forme d’énergie plus intense que les spectres d’arc. Nous placerons donc les spectres d’étincelle en tête de notre énumération des sources lumineuses, supposées classées dans l’ordre thermique (ou énergétique) décroissant ; nous pourrons ainsi interpréter plus simplement les conclusions à présenter ici. Elles ont été tirées de l’observation des variations de sensibilité quantitative des raies de plus grande sensibilité d’un même élément dans les diverses sources lumineuses suivantes, que nous supposerons classées suivant des températures décroissantes : étincelles condensées avec self ; sans self, étincelle non condensée, arc, chalumeau oxyacétylénique, chalumeau oxygène-gaz d’éclairage. Les essais ont porté sur près de quarante corps simples, et je crois pouvoir en tirer les règles suivantes qui, jusqu’ici, n’ont pas paru présenter d’exceptions.

I. Si dans des sources de températures différentes les raies d’un élément ne conservent pas la même sensibilité, les raies ultimes seront, en tout cas, comprises parmi un très petit nombre de lignes, déjà de grande sensibilité avec l’étincelle condensée.

II. Les raies de sensibilité maximum seront d’autant moins réfrangibles que la température (ou l’énergie) de la source sera moins élevée.

Inversement donc, pour une source de plus haute température, ou si l’on préfère de plus grande énergie d’émission (’)[1], la sensibilité maximum sera reportée plus loin dans l’ultraviolet, sur une raie de plus courte longueur d’onde.

Ajoutons que, pour beaucoup d’éléments, disons même pour la plus grande partie d’entre eux, les métaux alcalins, le gallium, l’indium, le thallium, le cuivre, l’argent, le plomb, etc., les raies ultimes restent les mêmes dans toutes les sources que nous avons énumérées. La flamme ordinaire du bec Bunsen fait exception ; elle fournit d’ailleurs rarement des spectres de lignes, sauf pour les métaux alcalins, le thallium et l’indium, où les raies ultimes restent les mêmes. Mais l’enveloppe immédiate du cône bleu, lorsqu’on isole son image comme l’a fait M. de Watteville (2)[2], présente les raies de l’étincelle de self-induction et de l’arc, et à cette région

  1. D’origine électromagnétique ou chimique.
  2. C. de Watteville, Recherches expérimentales sur les spectres de flammes (Thèse, 1904).