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sance à une série d’étincelles se succédant très rapidement. L’étincelle, qui remplit ainsi l’intervalle explosif, a tendance à se transformer en arc, et dans celui-ci la différence de potentiel entre les électrodes et, par suite, la chaleur fournie pour un courant donné deviendraient alors beaucoup plus faibles (’)[1].

Si, d’autre part, nous nous reportons aux importantes mesures thermoélectriques de Pfluger (2)[2] sur la répartition de l’énergie dans les spectres d’étincelle des métaux, nous trouvons que ceux-ci présentent des maxima fort accentués dans la partie très réfrangible de l’ultraviolet, et incomparablement plus intenses que le maximum de l’arc au charbon, situé dans les régions, moins réfrangibles, des bandes du cyanogène. Les spectres de fortes étincelles condensées de différents métaux étaient obtenus dans un spectromètre à partie optique de quartz ou de fluorine, muni d’un bolomètre ou d’une pile thermo-électrique de Rubens. Les déviations galvanomélriques étaient de plusieurs centaines de divisions de l’échelle. J’ai comparé les positions, forcément assez approchées, de ces maxima avec celles des raies ultimes du même métal, et j’ai trouvé entre ces positions une concordance très satisfaisante. On peut certainement en conclure que ces maxima coïncident, soit en général avec les raies ultimes proprement dites, soit avec des groupes de raies de grande sensibilité. Citons, par exemple, le magnésium dont le spectre présente un nombre restreint de lignes, et dont la structure permet alors une plus facile exploration par ce procédé : la plus grande quantité d’énergie mesurée par l’auteur, dans toutes ses recherches, y a été reconnue ; elle était de 900 divisions de l’échelle, et située vers λ 2800, ce qui correspond bien à la région assez étroite des raies ultimes du magnésium : λ 2852,2 ; 2802,8 ; 2795,6. La comparaison des raies ultimes, déterminées sur les clichés photographiques, avec les maxima galvanométriques, ne peut se poursuivre pour tous les corps, car chez certains d’entre eux, le zinc et l’aluminium notamment, ces maxima viennent se placer dans la région tout à fait réfrangible entre λ 2100 et 1860, où la sensibilité du gélatinobromure est très affaiblie. Malgré cela les raies du zinc et de l’aluminium de cette région m’ont souvent décelé ces métaux à l’état d’impuretés sur les clichés de spectres d’étincelle condensée.

  1. Cf. J.-J. Thomson, Passage de l’électricité dans les gaz, p. 519.
  2. Die Energieverteilung in den Funkenspektren der Metalle (Physikalische Zeitschr., t. V, 1904, et Zeitschr. f. Wissenschaft. Photogr., t. II, 1904, p. 31).