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ACADÉMIE DES SCIENCES.

La terrasse moyenne (a u >, feuille de Toulouse ; a ia, feuille de Grignols et de La Réole), ou terrasse de 5o m, est parfaitement établie sans discontinuité notable de Toulouse jusqu’à Beautiran. M. Vasseur et moi en avons tracé naguère les limites sur la feuille de Grignols, entre Damazan et Marmandc, et M. Repelin l’a indiquée sur la rive gauche jusqu’à Beautiran, mais recouverte au Sud par les Sables des Landes (sensu lato). Que devient cette terrasse plus au Nord ? D’après les feuilles de La Teste et de Bordeaux, elle n’existerait plus ou serait totalement masquée par les Sables des Landes.

Mais ensuivant la bordure de la plaine landaise qui domine la terrasse inférieure, on voit, à une altitude de 3o m à 45 m au-dessus du thalweg actuel, des graviers, des galets, parfois associés à une argile sableuse, en strates horizontales et d’une épaisseur totale de 15 m à 20 m. En surface, ces graviers qui ont bien, comme tous les graviers fluviatiles, des arêtes très apparentes, sont recouverts par place d’un manteau de sables fins des Landes formant parfois de petites dunes. Certains territoires du Médoc, tel celui compris entre Eysines et Bruges, sont par places dépourvus de sables et alors la surface de la terrasse, avec ses graviers de quartz rose, de granité et même de calcaire, est nettement à découvert.

En suivant les ruisseaux qui se jettent dans la Garonne entre Beautiran, Bordeaux et Blanquefort, j’ai remarqué que ces dépôts de graviers se maintiennent à la même altitude ; ils affleurent sur les berges des rivières en lits horizontaux au-dessus des terrains tertiaires. Ces alluvions diminuent de calibre à mesure qu’on s’éloigne du fleuve et passent finalement à des. sables quart/.eux grossiers, puis à des argiles exploitées pour la poterie (Salaunes, Sainte-Hélène, etc.). Le passage latéral des graviers aux sables grossiers et aux argiles est particulièrement visible sur la route qui va de Saint-Médard à Sainte-Hélène. J’ai pu suivre ainsi les affleurements de cette terrasse moyenne depuis le ruisseau du Guâ-Morl, en face Beautiran, jusqu’au ruisseau de La Julie et jusqu’à Pian, presque au droit du bec d’Ambez.

L’âge de ces dépôts alluvionnaires, a lb, reste encore imprécis, car ici pas plus qu’ailleurs, aucun reste de Vertébrés n’y a été signalé ; mais, par leur altitude régulièrement supérieure à celle de a u, ils sont notablement plus anciens que cette dernière ; il est possible qu’elle soit du Quaternaire ancien, comme le croit M. Boule qui l’a étudiée en amont de Toulouse. Il est rationnel de préjuger que cette terrasse moyenne se poursuit jusqu’à l’embouchure de la Garonne, mais qu’en raison de son altitude décroissante elle doit être, sur la feuille de Lesparre, recouverte totalement par les sables éoliens des Landes.

Il n’est pas superflu de rappeler que, près de Soulac, la mer a mis à nu une mâchoire (d’Elephas meridionalis, provenant d’une argile en place sous la dune de Gurp (d’après Benoist) ; cette argile appartiendrait au Sicilien. Il est donc fort probable que les deux terrasses a tc et a lù viennent finir en s’amincissant à l’embouche de la Gironde, dont le niveau de base n’aurait pas varié depuis le Sicilien.

Reste à savoir ce que devient, dans la basse vallée de la Garonne, la terrasse à UL la plus ancienne (voir feuilles de Montauban, Agen, Grignols), néogène supérieur pour les uns, quaternaire ancien pour les autres. M. Vasseur et moi en avons clairement distingué des lambeaux importants en face