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SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1913.

ceux des Norvégiens et au moins égaux à ceux fabriqués par les Espagnols et les Portugais.

Mais il est une autre Classe, dont on a à peine parlé jusqu’ici, et sur laquelle je puis fournir quelques indications précises, c’est l’Anchois {Engraulis eucrassicholus L.).

Cette très intéressante espèce, identique à celle de nos côtes méditerranéennes et océaniques, a déjà été observée aux Canaries, mais j’ai été le premier à en signaler la présence sur les côtes de Mauritanie, du Sénégal et même de notre Guinée française où elle devient, cependant, plus rare qu’un peu plus au Nord.

Dans les nombreuses pêches pélagiques effectuées sur les côtes du Sénégal et particulièrement dans la grande baie de Dakar-Rufîsque, j’ai pu recueillir, à partir du mois de mars, à la fois des œufs pélagiques et des formes très jeunes d’Anchois, les unes ayant encore leur vésicule vitelline, les autres l’ayant déjà résorbée, au milieu d’un phytoplankton extrêmement abondant formé, surtout, de diatomées vertes (stephanopyccis lurris, Crèv.)

La ponte s’effectue près des côtes, dans les baies plus ou moins fermées, de mars a juin-juillet, peut-être même un peu plus tard. Sous l’influence d’une température assez élevée, le développement est très rapide, le vitellus vite résorbé et les larves commencent dès lors à se bourrer de diatomées vertes, ainsi que le montre l’élude du contenu stomacal.

Quand les alevins ont atteint 20 » — à 3o »  » ce sont, surtout, les petits copépodes pélagiques {Paracartia et Calanus) qui constituent le fond de leur nourriture

Grâce à l’abondance de cette nourriture appropriée, la croissance des larves est très accélérée, de sorte que, dès le mois de mai, on peut trouver, dans les mêmes eaux : des œufs, des larves venant d’éclore, des alevins de 3o™ m à 4o™ m délong et des formes adultes de 100 mm à ]20 mm.

Ces dernières se rencontrent sur la côte pendant toute l’année, mais y sont infiniment plus abondantes de mars-avril à juillet-août. Elles doivent ensuite, en grande partie, gagner le large tout en restant pélagiques, car les chaluts n’en ramènent jamais.

Comme Fage pour l’Anchois de la Méditerranée, je crois, d’après mes observations, qu’au Sénégal, cette espèce évolue entièrement, dans un rayon relativement restreint.

Les formes adultes arrivent à la côte, vraisembTablement pour frayer, dès les mois de mars-avril, en bancs tellement compacts que les femmes et les enfants indigènes les capturent en abondance avec leurs pagnes ou de simples calebasses.

G. R., i 9 13, 1° Semestre. (T. 157, N° 25.) IOI