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lioration. Le chauffage, de quelque manière qu’on le pratique, n’améliore pas un vin, il le détériore toujours dans une certaine mesure ; mais il prévient une perte complète au cas où, par lui-même, ce même vin ne serait pas assez solide pour se conserver spontanément. Le chauffage est donc en quelque sorte une amputation qu’on fait subir au vin, pour le sauver de la gangrène. Aussi faut-il rester bien persuadé que sur une bonne table on ne servira jamais de vin chauffé, et qu’à l’occasion on servira très-bien, et même avec avantage, des vins congelés. »


HYDRODYNAMIQUE. — Sur l’hydrodynamique des cours d’eau. Mémoire de M. de Saint-Venant.

« 1. Si, dans les cours d’eau, le mouvement du fluide n’était jamais qu’uniforme et rectiligne, et si les sections transversales n’avaient que des formes et des dimensions s’écartant peu de ce qu’elles étaient dans les expériences de jaugeage qui ont été faites, les formules qui en représentent empiriquement les résultats pourraient suffire pour les calculs habituels et pratiques des débits, comparés aux dimensions des lits et à leurs pentes.

» Mais, hors de là, et même dans le cas ordinaire où le mouvement varié est permanent, l’empirisme fait défaut. Les frottements intérieurs du fluide jouent un rôle complexe, qui change, suivant les circonstances, le rapport entre la vitesse moyenne du débit à travers chaque section et les vitesses aux parois où agit le frottement retardateur, et l’on sent le besoin d’une théorie qui établisse des relations entre les vitesses individuelles aux divers points des sections et les pressions, dont les composantes tangentielles à leurs faces sont les frottements intérieurs du fluide.

» 2. Navier a donné, en 1822[1], des relations ou équations de ce genre. Comme elles ne satisfont pas, ainsi qu’il le reconnaît lui-même, aux cas ordinaires de la pratique[2], plusieurs ingénieurs ont cherché à en établir d’autres. Pour mettre fin aux tentatives stériles, et tracer, s’il est possible, la vraie voie à suivre, il convient de déterminer d’abord dans quels cas et entre quelles limites les équations de Navier sont justes et applicables.

» Il ne les établit qu’en supposant, dans le fluide, des mouvements moléculaires réguliers, c’est-à-dire ne variant que d’une manière bien continue,

  1. Tome vi des Mémoires de l’Institut.
  2. Résumé (posthume), publié en 1838, de ses Leçons à l’École des Ponts et Chaussées, 2e partie, no 109, p. 89.
    Navier disait déjà, en 1823, dans leur lithographie, que le mouvement, dans ces cas ordinaires, est plus compliqué que celui que sa théorie de 1822 suppose.