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auraient dû dès lors être fabriquées dans l’intervalle des trois jours qui se sont écoulés entre le moment où M. Chasles a connu la première et rapide appréciation faite par M. Govi, et celui où il m’a montré les autres Lettres qu’il avait trouvées en compulsant les nombreux Documents de sa Collection. Mais quoi de moins probable, pour ne pas dire plus, que de supposer ce faussaire ayant un accès si facile dans le cabinet de M. Chasles, et poussant la précaution jusqu’à écrire, gratis cette fois, au lieu d’une pièce unique qui aurait certes bien suffi, quatre Pièces semblables et trois copies de leur traduction en français ? Quelles que soient les réflexions que suggère cette multiplicité de Pièces identiques, il n’en faut pas moins reconnaître que M. Le Verrier n’est pas plus heureux dans son interprétation que ceux qui l’ont précédé dans cette polémique. Impatientés comme lui de voir infirmer, par l’apparition de Pièces nouvelles, des arguments qui leur avaient paru victorieux, ils n’ont pas trouvé d’explication plus commode que de les regarder comme fabriquées pour la circonstance. Que tous ceux qui ne veulent pas prendre à l’avance connaissance de ces Pièces avant d’en parler, ou attendre que M. Chasles les ait publiées en entier, s’attendent à d’autres déceptions de ce genre, et à faire de nouveau usage de cet argument[1].

» Mais, dit-on alors, pourquoi notre confrère apporte-t-il à l’Académie des études encore incomplètes, et après avoir cru et affirmé que la première Pièce était de l’écriture de Galilée se trouve-t-il obligé de venir aujourd’hui déclarer le contraire ? On ne s’adresserait pas cette question si M. Le Verrier, qui a fait tout récemment un long exposé de l’état de la discussion, l’avait fait complet, et en avait aussi indiqué l’origine. Je demande à l’Académie de reproduire quelques lignes du Compte rendu de la séance du 8 juillet 1867, qui lui rappelleront comment la question a été introduite devant elle.

» M. Chasles venait de lire une Note historique sur l’établissement des Académies, et de déposer dans les archives de l’Institut deux Lettres sur ce sujet, attribuées à Rotrou. Le Compte rendu ajoute :

  1. M. Chasles m’a prié de soumettre l’écriture de ces pièces à l’acide chlorhydrique, et elle a résisté. Mais il suffit qu’on puisse objecter qu’il est possible, avec les matériaux ordinaires, de faire une encre ne disparaissant pas par l’acide chlorhydrique, ou de communiquer les caractères de la vétusté d’une manière prompte à des mots tracés avec de l’encre ordinaire, pour qu’il ne faille pas invoquer cet argument. Je croyais à cet égard m’être fait suffisamment comprendre dans ma précédente Note. Je communiquerai à M. Le Verrier, quand il le voudra, ces deux procédés, dont il me force à lui affirmer publiquement l’existence. Mais je ne veux pas, pour mon compte, avoir la responsabilité de leur divulgation.